(English version available here)
Après les tragiques attentats de Bruxelles, Digital Maniak revient sur l’utilisation en termes de gestion d’urgence qui a été faite des médias sociaux pendant et juste après les événements.
Les Médias sociaux pour alerter et informer la population
Il est 8h06, Mardi 22 mars au matin, soit 8 minutes après les explosions à l’aéroport quand la 1ère journaliste tweete sur l’événement en cours :
Breaking news: Forte explosion à l'aéroport de Zaventem; évacuation en cours
— Eckstein Anne (@EcksteinAnne) 22 mars 2016
Très vite, pour suivre les actualités, une série de hashtags se déploie sur le réseau :
- Tout d’abord, #Zaventem : la localité qui héberge l’aéroport Bruxelles National et #Maelbeek pour la station de métro touchée
Explosions à #Zaventem. Ne vous y rendez pas, laissez les voies dégagées. Priorités des autorités: le secours aux victimes et la sécurité
— CrisisCenter Belgium (@CrisiscenterBE) 22 mars 2016
- Puis, #Bruxelles ou #Brussels selon la langue des 1ers journalistes sur place
Two explosions at #Brussels airport in the last half an hour. https://t.co/xiDzSa61mA
— Gavin Lee (@GavinLeeBBC) 22 mars 2016
- Quand après l’explosion à Maelbeek les 1ère suspicions autour d’un attentat se font, le hashtag #BrusselsAttacks (en écho à #ParisAttacks) fait également son apparition.
Tous les métros de Bruxelles évacués #Brusselsattacks
— Delphine Simon (@Delphinesimon) 22 mars 2016
Cette dissémination des hashtags correspond à la phase d’information. Elle est la 1ère d’une série de 6 phases que Nicolas Vanderbiest a déjà analysé précédemment ici et qui permet aux utilisateurs des réseaux sociaux d’identifier rapidement l’actualité à travers un hashtag, puis de suivre le fil des tweets reliés à cette actualité.
Phase d’information :
– Zaventem : 370,596 tweets
– Maalbeek : 71,812 tweets
– Brusselsattack : 275,802 tweets— Nicolas Vanderbiest (@Nico_VanderB) March 23, 2016
Dès la propagation de la nouvelle d’une explosion dans le métro bruxellois, les médias sociaux sont entrés dans la phase d’organisation : celle qui permet d’organiser ses recherches ou d’en savoir plus sur ses proches.
Contacter et prévenir ses proches : le rôle du Safety Check
Mis en place par Facebook lors du séisme de Katmandou, le Safety Check est un outil qui vise à indiquer à vos proches que vous êtes en sécurité si un événement dangereux se produit a proximité de votre lieu d’habitation. Vous pouvez également à travers cet outil signaler en sécurité des personnes que vous savez en lieu sûr.

Pourquoi le Safety Check de Facebook est un outil à utiliser ?
En vous signalant en sécurité, vous épargnez à vos proches de vous appeler ou d’appeler des services d’urgence qui sont déjà saturés d’appels. Le centre de crise l’a d’ailleurs fortement recommandé. En effet, utiliser les médias sociaux pour rassurer vos proches permet de dégager le réseau téléphonique et donc de laisser la priorité aux services d’urgence. C’est équivalent à laisser libre la bande d’arrêt d’urgence sur l’autoroute.
N'encombrez pas le réseau TEL à #Bruxelles – privilégiez les SMS et réseaux sociaux pour rassurer vos proches – réseau saturé
— CrisisCenter Belgium (@CrisiscenterBE) 22 mars 2016
Pourquoi le Safety Check a-t-il été mis en place plus de 3 heures après les 1ères explosions ?
Beaucoup de remarques négatives sont apparues quant à la mise en place « tardive » du Safety Check. Activé autour de 11h du matin , soit 3 heures après les explosions de Zaventem et 2 heures après l’explosion de Maelbeek. Si Facebook a mis du temps a activé son outil c’est avant tout parce que l’outil doit être utile. L’activer alors que des attaques sont potentiellement encore en cours revient à se signaler en sécurité alors que l’environnement ne l’est pas. Le Safety Check est un outil
Sur Twitter les hashtags de solidarité :
A quoi servent ces hashtags ? Ce sont simplement des outils pour rassembler les bonnes volontés et aider à l’organisation. En utilisant le même mot clé, vous pouvez accéder aux propositions d’hébergement ou de covoiturage en cas
#OpenHouse #PorteOuverte #IkWillhelpen #BrusselsLift
Rapidement, en lien avec Sylvain Lapoix, journaliste qui avait lancé le hashtag #PorteOuverte lors des attentats de Paris, j’ai lancé le hashtag #OpenHouse, avec le support de EENA, l’association européenne du 112. #OpenHouse et #PorteOuverte permettait aux Bruxellois de signaler qu’ils étaient prêts à accueillir des personnes restées coincées à Bruxelles : proches de blessés, voyageurs bloqués à cause de la fermeture de l’aéroport ou des gares ferroviaires. Ces hashtags ont rapidement été rejoint par d’autres comme #IkWilHelpen (hashtag néerlandophones qui signifie Je veux aider) ou bien #BrusselsLift qui permettait aux navetteurs coincés par la suppression de la circulation des trains de profiter d’un covoiturage pour rentrer chez eux. https://twitter.com/AAlaphilippe/status/712207032976281601 https://twitter.com/rbc_bhg/status/712285169487577089
@SylvainLapoix Rules/Règles 1. No address in clear / pas d’adresse ; 2. contact in DM only / contact en DM ; 3. go to closest / au plus près — Sylvain Lapoix (@SylvainLapoix) March 22, 2016
Quels résultats ?
Concernant #Openhouse : plus de 3000 tweets envoyés en 24 heures et 80 propositions concrètes d’hébergement recensées. Les réactions ont aussi été très positives, saluant la solidarité des bruxellois.
Stranded in #Brussels? Ping me if you need a place to stay, close to Grand Place. #PorteOuverte #OpenHouse #OpenHuis
— Ahmed Ej (@twtAhmed) 22 mars 2016
Brussels commuters are helping each other find shelter by using the #OpenHouse hashtag https://t.co/WhE9aPhm7E
— BuzzFeed (@BuzzFeed) 22 mars 2016
#Brussels residents use #OpenHouse and #PorteOuverte to offer help to those strandedhttps://t.co/qTISH3EYtd pic.twitter.com/7j4EMTsJJv
— BBC News (World) (@BBCWorld) 22 mars 2016
Intéressant aussi de constater que les hashtags ont été détournés de leur usage initial. De nombreux Parisiens ou habitants d’autres villes ont ainsi proposé d’héberger des personnes qui ne pouvaient plus rentrer à Bruxelles.
Amis belges bloqués à #Paris, ma chambre d'ami est à dispo (canapé 2 places) #openhouse #porteouverte
— Ludo Bonnet (@LudoBonnet) 22 mars 2016
MSGU : les Médias sociaux en Gestion d’Urgence, un carrefour incontournable pour les acteurs institutionnels
Ce billet montre quels sont les potentiels des médias sociaux en gestion d’urgence (ou MSGU). Ces outils, correctement utilisés par les institutions peuvent :
- 1 – Donner rapidement des consignes de sécurité et identifier les acteurs
Please follow @CrisiscenterBE and be safe https://t.co/0PZs4E5S6G
— Twitter Belgium (@TwitterBE) 22 mars 2016
- 2 – Transmettre de l’info vérifiée afin de dégonfler automatiquement les rumeurs
- 3 – Coordonner des actions locales ou faire remonter de l’information en s’appuyant sur des volontaires (type VISOV)
